Chirurgie


Drainage du pus par aspiration

 



Début du 18ème siècle le chirurgien français Dominique ANEL (1679-1740) inventa une petite seringue aspirante destinée à remplacer tous ces "aspirateurs de soldats" qui erraient sur les champs de bataille à la recherche de soldats blessés, dont ils pouvaient nettoyer les blessures en aspirant - avec la bouche collée sur la blessure - le sang et les morceaux d'étoffe. 

 

Lit.:
Dominique Anel, L'art de succer les playes sans se servir de la bouche d'un homme: avec un discours d'un spécifique propre à prévenir les maladies vénériennes. Amsterdam 1707, 1716, 1732; Trêvoux, 1717, 1720.

 

" Il y a dans les troupes du roi des soldats qu'on appelle supersti-tieusement pour la cure des plaies, & principalement celles qui sont faites par instrument piquant, & qui pénetrent dans la cavité de la poitrine ou du bas - ventre. Ces hommes n'ont aucune idée de la Chirurgie; ils le signifient eux - mêmes: ils pansent du secret, c'est leur expression. Ce secret consiste à sucer les plaies, à y faire couler ensuite quelque peu d'huile & de vin, en marmotant quelques paroles & disposant les compresses en forme de croix. On trouve des personnes assez dépourvues de sens pour se mettre entre les mains de ces ignorans & imposteurs, & qui se laissent tellement prévenir par leurs promesses, qu'elles refusent tout secours de la part de la Chirurgie. On sent assez que les plaies du bas - ventre avec lésion des intestins, les plaies de tête qui exigent le trépan, les plaies des gros vaisseaux dans les extrémités, & tant d'autres qui exigent une grande expérience & beaucoup de soins intelligens de la part du chirurgien, soit par leurs causes, soit par leurs complications, ne sont pas susceptibles d'une guérison par un moyen aussi simple que l'est la succion. La méthode de sucer pourroit cependant être bonne dans quelques cas. Un coup d'épée dans une partie charnue, où il n'y a aucun vaisseau considérable d'intéressé, occasionne un épanchement de sang dans tout le trajet du coup: on procureroit une prompte guérison en suçant une pareille plaie, parce qu'on la debarrasseroit du sang dont la présence devient une cause de douleur, d'inflammation & d'abscès dans les interstices des muscles, accidens qui mettent quelquefois dans la nécessite de faire des incisions douloureuses. Les plaies de poitrine avec épanchement de sang sur le diaphragme, peuvent être guéries très promptement par la succion, pourvû qu'elle soit faite à - tems, c'est - à - dire avant la coagulation du sang épanché.
M. Anel, docteur en chirurgie & chirurgien de madame royale de Savoie, bisaieule de Louis XV. persuadé de l'utilité de la succion des plaies, dans les circonstances que nous venons d'exposer, a donné un moyen de le faire sans se servir de la bouche. Il y a effectivement du danger à sucer la plaie d'un blessé qui se trouveroit atteint de quelque maladie contagieuse, comme la vérole, le scorbut, &c. & les blessés qui seroient d'une bonne constitution ne risqueroient pas moins de la part d'un suceur qui auroit quelque mauvaise disposition.
L'invention de M. Anel consiste dans l'usage de la seringue ordinaire, à laquelle il a adapté des tuyaux d'une figure particuliere. Pour se servir de cette seringue, il faut dégorger l'entrée de la plaie des caillots de sang, si elle en étoit bouchée. Si c'est par exemple, une plaie pénétrante dans la poitrine, on introduit une sonde jusque dans la cavité. Cette sonde cannelée sera armée d'un fil; on étend ce fil à droite & à gauche pour qu'il se trouve engagé & pressé par l'orifice du tuyau qui doit être appliqué sur la circonférence de la plaie, en maniere de ventouse: par ce moyen la sonde est assujettie. On ajuste la seringue à ce tuyau, on en tire le piston, & l'on pompe ainsi tout le sang qui est épanché. On doit injecter ensuite dans la plaie un peu de baume tiede; & couvrir l'orifice externe de la plaie pendant un quart d'heure, avec une compresse trempée dans l'eau vulnéraire. Alors on suce la plaie pour la seconde fois, afin d'ôter le baume superflu, qui restant dans la plaie & écartant les parois, empêcheroit la réunion; & afin d'évacuer l'epanchement des humeurs qui auroit pu se faire depuis l'injection du baume. On applique une compresse & un bandage contentif, & on ne néglige point les autres secours qui peuvent favoriser la guérison, lesquels se tirent du régime, & de l'administration des remedes convenables"
(Diderot, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, par une Société de Gens de lettres, 1751-1772). 

"Petit de Lyon [Marc-Antoine PETIT(1766-1811)], en 1793 imagina d'appliquer la ventouse après avoir ouvert un abcès par congestion, et ce procédé a été suivi depuis par un grand nombre de praticiens. M. LARREY a employé les ventouses après avoir fait des incisions sur plusieurs points du corps chez un soldat qui avait contracté un emphysème général et extraordinaire à la suite de l'introduction de l'air par une plaie de poitrine" (Dictionnaire des sciences médicales, Paris 1821, Bd. 57 S.188).


Les ventouses présentées ont été fabriquées par la firme KaWe de Stuttgart, et portent le n° 68252. Gustav Kirchner et Hugo Wilhelm avaient fondé à Stuttgart en 1890 une fabrique qui à survécu  (Siège: D-71679 Asperg, Eberhardstrasse 56).

www.kawemed.de/

Lit.:
Shier, M., The Woundsuckers of the Seventeenth and Eighteenth Centuries, in: The Medical Pickwick. 2 (1916), S.125-126